Rencontre avec Laura Pausini: “M’arrêter, ce serait comme sentir que ma vie est finie”

Warner

 

Sa solitude a conquis le monde entier le temps d’une chanson. C’était il y a trente ans déjà. Depuis, l’adolescente est devenue l’artiste italienne la plus connue à travers le monde. Une artiste vraie qui ne cache pas sa fragilité, comme en témoigne son quatorzième album («Anime Parallele»), après quelques années plus discrètes…

 

Auriez-vous osé rêver de la carrière que vous avez aujourd’hui lorsque vous avez été élue meilleure espoir du festival de Sanremo en 1993?

Non, c’était impossible pour moi d’imaginer tout ce que je vis quotidiennement à travers la musique depuis ce moment. Je me réveille chaque matin en me demandant ce qu’il se serait passé si je n’avais pas remporté le concours. 

Vous avez récemment expliqué avoir connu une période durant laquelle vous étiez “confuse”. On retrouve ces sentiments dans votre titre “Un buon inizio”. Est-ce que cela a été une sorte d’auto-thérapie ou une volonté d’aider d’autres personnes vivant la même situation?

Comme je l'ai dit, j'ai toujours raconté la vérité sur ce que j'ai vécu. Chaque album reflétait mon état d'esprit. Il s'est écoulé cinq ans depuis mon dernier album inédit. Cela ne m’était jamais arrivé d’attendre autant de temps entre deux albums. Il s’est passé de nombreuses choses entre, des beaux moments mais aussi des plus difficiles. Pourquoi ? Même les plus grands chanteurs sont sensibles, et je suis naturellement très sensible. Ce qui se passe dans le monde au quotidien a un impact sur mes peurs. Je me suis sentie vulnérable et j'ai eu des doutes, comme toutes les femmes. Et bien sûr, en conséquence, en tant que chanteuse. Le travail dans la musique n'est pas quelque chose de garanti. On ne peut pas savoir ce qui se passera, ni si l'on sera capable de surmonter les doutes. Il y a aussi toujours eu énormément d’attentes envers moi… J’ai donc été un peu bloquée pour ces raisons. Jusqu’à ce que je trouve les chansons qui m’ont débloquée. 

Vous n’avez jamais eu envie de tout arrêter à cause de cette pression?

J’y ai pensé.... Cependant, je me sens redevable envers ceux qui m'ont donné cette vie, alors je ne le fais pas. Pour moi, la musique est une affaire sérieuse. Il y a une très belle chanson italienne d’Edoardo Bennato qui s’appelle “Sono solo canzonette” (“Ce sont seulement des chansonnettes”). Mais je ne suis pas d'accord avec cette phrase car pour moi, la musique n'est pas quelque chose de léger. Pour moi, la musique est un travail sérieux dans lequel il faut s'engager en veillant à ne pas le transformer en un travail technique et marketing. Il faut rester naturel, suivre nos instincts et pouvoir le faire tout au long des années. Aujourd’hui, ce métier s’axe sur le marketing et moins sur l’art. Il est donc très difficile de vivre dans cet environnement musical actuel, avouons-le. Mais je sens que je veux rester. Je ne veux pas fuir. Ce serait plus facile de s'arrêter et de profiter de tout ce que j'ai déjà eu. Ce serait comme sentir que je suis morte, que ma vie est finie.

>> Découvrez l'interview complète de Laura Pausini ce samedi dans votre magazine Max disponible en librairie dans les journaux Sudinfo ou en cliquant ici.