C’est un rappeur à part. Et c’est probablement dû à sa belgitude, nous dit-il. Roméo Elvis a 31 ans et se pose plein de questions. Il aime explorer, chercher son «son» plutôt que la gloire planétaire. Ce créateur revient avec un EP (pas encore un album donc), «Echo», très abouti, dont le succès escompté devrait faire taire les mauvaises langues. Roméo Elvis s’y raconte, conscient que douter n’est pas toujours une faiblesse, et nous en dit plus sur son état d’esprit du moment, sans langue de bois évidemment...
Roméo, sur cet EP comme sur le précédent, il y a une volonté claire de faire évoluer votre style musical...
Je pense que ça a toujours été le cas. Une fois que j’ai fait le tour et que j’ai bien exploité un style, je le fais évoluer. J’aime pousser ma musique ailleurs. «Galeries» (le précédent EP), c’était un peu plus expérimental, je creusais mon truc dans mon trou sans spécialement aspirer à un grand succès. Avec celui-ci, «Echo», on est déjà plus dans quelque chose qui résonne et il a plus une vocation à être écouté quand même par un public qui a aimé «Chocolat» (son album qui a cartonné). Je n’attends pas qu’il cartonne mais qu’il touche un nombre plus important de personnes.
Dans un des morceaux vous dites: «chaque fois qu’on veut changer, on change». Vous le pensez réellement?
Oui, rien que vouloir changer c’est déjà changer. C’est prendre conscience d’un problème ou d’une évolution à faire.
Il y a énormément d’auto-questionnement dans ces textes-ci…
Oui. J’ai 31 ans et je suis dans la phase de doutes. J’ai passé la phase d’insouciance.Les choses ont très bien marché pour moi et maintenant j’essaie de faire évoluer, je réfléchis, je prends des grosses pauses, et je traverse ces périodes de doutes qui n’existaient pas avant. Mais j’aime penser que le doute est création. Je les embrasse ces doutes et je les dévoile. Avant, je pensais que c’était une faiblesse. Désormais, j’essaie de construire avec, il faut se faire violence pour potentiellement grandir.
Et ça vous rend plus fort?
Non, je me sens plus fort quand j’ai réussi un challenge. Par exemple, j’ai dû annuler deux tournées l’année précédente et je me suis fait chier dessus par les médias. Et, cette année, sans l’aide d’aucun média, on est déjà sold out à l’AB en mars.
Vous en voulez aux médias?
J’en veux à beaucoup de monde de m’avoir un petit peu mis de côté. Parce que c’est plus simple de ne pas s’éclabousser en parlant d’un artiste qui fait réagir les foules. Alors qu’avant, c’était portes ouvertes partout! Oui, ça m’a traversé. Et au moment où je suis dans cette période de doutes et que j’arrive quand même à atteindre mes objectifs parce que j’ai un super public, je suis content d’être passé au-dessus de ces doutes, d’y être parvenu.
Tomber dans le côté «mainstram» du rap, vous voulez éviter?
En tout cas, le mot «commercial» dans le monde du rap, c’est un mot de méchants. Si tu es du bon côté du rap tu ne fais pas de «mainstream» mais après, si ta musique le devient, tant mieux pour toi. Disons que ce n’est pas un truc que tu vas chérir. Moi, je suis dans une dualité où si j’embrassais ce truc-là, que je me mettais à fond dans le mainstream, dans le «familial», je pourrais ouvrir encore plus de portes et finir sur TF1, être formaté et avec un gros cachet. (sourire).
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