Thierry Ardisson se confie : «Ce que je pense de ’Quelle époque’ sur France 2? Ils se sont inspirés de Thierry Ardisson et ils ont bien fait!»

François Roelants

Il fait partie de ceux qui ont révolutionné la télévision. Intervieweur hors pair, cash, craint par certains, Thierry Ardisson doit ses qualités d’inventeur d’émissions et son personnage toujours de noir vêtu, à son passé dans la pub. En matière de slogans, il en connaît un rayon. Il a fait de la pub pendant 15 ans avant la télé. Il en a donc produit un documentaire «L’Âge d’Or de la Pub». Et c’est dans le salon de l’hôtel Meurice, à Paris, là où il fait revivre les morts pour son émission «L’Hôtel du Temps», que ce chercheur (et trouveur) invétéré d’idées nous assure, entre confidences sans langue de bois (évidemment!) sur son passé et ses envies, qu’il ne reviendra pas pour un talk-show.

A quel point votre passage dans la pub a-t-il façonné l’homme que vous êtes au quotidien et l’homme de télé ?

Je n’ai pas fait beaucoup d’études, parce que ça me gavait. J’ai préféré tout réinventer plutôt qu’essayer d’apprendre. Je me suis pris des portes dans le nez gravement dans ma vie parce que je n’ai jamais voulu, depuis tout petit, rentrer dans les codes, j’ai toujours voulu tout découvrir par moi-même. Mais être un autodidacte n’a pas que des avantages. La pub a ensuite été ma grande école, mon université. J’ai appris la vie comme ça. Et quand je suis arrivé à la télé, j’avais une grande facilité parce que je maniais les concepts. Le costume noir vient de là aussi. Les gens me croisent en vacances et je suis toujours aussi en noir, mais en short. Comme le Géant Vert et tous ces personnages de pub, j’ai un costume qui est toujours le même. Karl Lagerfeld a fait ça aussi. Et j’ai appris aussi la bonne façon de m’exprimer. Quand j’ai la bonne formule, je la répète.

Votre côté bon intervieweur à la télé, comment vous l’avez travaillé ?

Il faut tout savoir sur la personne interviewée, utiliser très rapidement des points de connivence pour qu’elle voit que vous vous êtes intéressé à elle. Ensuite, c’est être sur la même longueur d’ondes. Ça suppose d’éviter deux écueils : être en-dessous, dire qu’on est vraiment trop heureux d’interviewer cette personne. Si on est là pour interviewer une star, c’est parce qu’on le mérite, et ce n’est pas un service qu’on vous rend. La relation est totalement égalitaire. La deuxième, c’est de faire comme Guillaume Durand qui veut prouver qu’il est aussi intelligent que la personne en face. Ou Ruquier qui disait à un écrivain dans « On est en direct » : « Alors, page 22 vous dites… ». Après, il faut dire que moi j’aimais bien arracher les ailes des mouches. Il faut avoir un peu de sadisme et pas être cool. C’est pour ça que je n’ai jamais copiné avec les stars. Après le premier « Bain de Minuit », Julien Clerc m’a invité à dîner. Je n’y suis pas allé. J’ai dîné avec lui 30 ans plus tard. Je ne voulais pas être copain avec eux parce que quand vous l’êtes, vous êtes moins exigeant.

Vous sentiez parfois que certaines personnes arrivaient face à vous la peur au ventre ?

Très souvent. Les gens entraient dans l’arène, ils étaient terrorisés. Certaines actrices avaient même des plaques rouges sur la poitrine, à commencer par Kristin Scott Thomas. Mais je n’étais pas non plus trop arrogant. J’essayais de raconter leur vie et de vendre leur truc.

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Très sincèrement, que pensez-vous aujourd’hui du talk-show du samedi soir, « Quelle époque » ?

Ils se sont inspirés de Thierry Ardisson et ils ont bien fait ! (rires) Je trouve ça tout à fait naturel. Moi je me suis inspiré de François Chalais, de Denise Glaser, de Bouvard,… Et Christophe Dechavanne a, dans l’émission, la fonction qu’avait Magic Tchernia auprès d’Arthur. C’est-à-dire qu’il vient donner une caution à l’animateur. Je trouve que cette émission est assez réussie en vérité. Et ça marche bien ! Le truc négatif qu’on peut dire sur cette émission, et ce n’est pas de leur faute, c’est les invités : les Américains ne viennent plus, les politiques n’ont pas l’étoffe des gens de l’époque…

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