Maureen Dor revient sur son agression sexuelle par Nicolas Hulot: «J’ai fait ce témoignage pour témoigner d’un truc bien plus important que Nicolas Hulot…»

AFP

Son premier roman, « Concert au réfectoire à 16h30 », à destination des grands –après s’être longtemps consacrée aux livres pour la jeunesse– est drôle, cynique et tendre à la fois. Et c’est un burn-out, nous dit la toujours pétillante Maureen Dor, qui l’a conduite à l’écrire. Mais ce n’est pas pour autant que l’éditrice, qu’on a d’abord connue vedette du petit écran, se considère comme une autrice. Elle aspire à une chose: «que je me foute la paix!», sourit-elle.

Il y a quelques mois, vous avez adressé une lettre à l’émission «Envoyé spécial» qui consacrait un reportage à l’affaire Hulot pour dire que l’ancien animateur et ministre français vous avait agressée quand vous n’aviez que 18 ans. À quel point le mouvement #metoo, la libération de la parole des femmes, vous a aidée à témoigner?

Ca ne m’a pas aidée. J’étais en fait trop âgée. Et je n’en ai pas été traumatisée à ce point. J’ai écrit la lettre, je ne voulais pas passer à l’antenne pour éviter qu’une seule seconde on se dise que je me fais de la pub ou je ne sais quoi. Mais j’ai fait ce témoignage pour témoigner d’un truc bien plus important que Nicolas Hulot, dont on ne parle pas assez. C’est ce trou dans la vie des jeunes femmes entre 15 et 25 ans, qui est un moment charnière et la plupart des femmes qui se font agresser sexuellement ont souvent entre 15 et 25 ans. Il y a un malentendu qui fait qu’elles sont en danger. Soit elles se mettent en danger par naïveté, ce qui m’est arrivé. Je suis montée dans cette chambre parce que, pas une seconde, j’ai pu penser que cet homme avait une arrière-pensée. Je n’avais pas l’impression que c’est quelque chose que je générais, j’étais cul-cul la praline. Je me suis mise en danger par naïveté. A l’inverse, certaines jeunes filles, très sexuées, peut-être, vont donner à croire qu’elles s’en foutent de leur sexualité, qu’elles sont super libres, mais ce n’est pas vrai. Et elles vont donner cette impression aux hommes. Entre 15 et 25 ans, c’est très important, il faut les aider ces jeunes filles et surtout ne pas les condamner. Surtout pas leur dire : « qu’est-ce que tu faisais dans cette chambre ? dans cette voiture ? ». Parfois, les femmes elles-mêmes ont ce genre de phrases : « mais enfin tu as vu comme tu es habillée ? T’avais pas qu’à... » Une jeune femme qui donne l’impression qui se retrouve une situation qui donne l’impression qu’elle l’a cherché, je n’y crois pas, ce n’est pas vrai. Elle ne l’a pas cherché. Soit elle été naïve d’un amour auquel elle a cru, soit d’une image qu’elle ne générait pas bien. C’est de l’éducation, c’est les entourer mais surtout pas les condamner. Ca, c’est ajouter de la peine à la peine. Il y a des mots qui sont interdits. Dire « tu as vu comme tu étais habillée ? », ça, c’est interdit ! Et ce n’est pas « faites attention à vos filles ». C’est « faites attention à vos garçons ! ».

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