J’ai désormais l’honneur, deux fois par mois, de vous proposer ma chronique psychosociologique. Je vous y ferai part de mes points de vue d’experte et vous partagerai également des conseils destinés à améliorer votre compréhension du monde et de vous-mêmes. Ma première chronique aborde le thème des vacances : prendre des vacances, résultat d’une pression sociale ou réel besoin ?
David, cadre de 29 ans, a dû renoncer, avec une certaine amertume, à ses traditionnelles vacances annuelles entre amis. Il vient de commencer un nouveau job et aucun jour de vacances ne lui est autorisé. « Ce n’est pas tant le fait de devoir travailler qui me contrarie », dit-il, « c’est le fait de me sentir exclu des potes et jugé car je ne prends pas de vacances, je me fais passer pour un pauvre gars ».
Notre société est régie par des normes sociales, c’est-à-dire des règles auxquelles nous devons nous conformer pour nous sentir intégrés et reconnus par les gens qui font partie de nos fréquentations principales, nos « groupes d’appartenance ». Parmi ces normes, on retrouve des comportements et des pratiques prescrits qui portent sur tous les domaines de la vie quotidienne : des habitudes de vie aux styles vestimentaires
En tant qu’individu, nous agissons aussi pour être reconnus, considérés et acceptés par nos pairs. Parfois jusqu’à une forme d’esclavage dans le cas de ceux qui ne vivent que dans le regard des autres, en quête de leur permanente approbation.
Faire des choix pour soi est le meilleur rempart contre une vie construite au travers du regard des autres
Les réseaux sociaux peuvent amplifier cette dérive de recherche constante d’approbation. Partager ses clichés de vacances sur les réseaux sociaux, c’est montrer que l’on est conforme, digne d’être aimés et reconnu par nos pairs, c’est aussi afficher un prestige social en fonction du lieu de destination et de la fréquence des séjours. Mais partager ses photos sur la toile c’est aussi répondre aux besoins humains et vitaux de se connecter, d’échanger, de partager avec les autres et aussi de faire rêver.
Des vacances et du repos nous en avons tous besoin. Toutes les études sur l’impact du repos sur la santé psychique et physique attestent du renforcement des liens familiaux, de la réduction des risques de dépression, de l’efficacité accrue au travail. D’autant plus dans une société caractérisée par une accélération du rapport au temps et la pression à la performance qui en découle. Nous avons besoin de prendre des vacances, mais aussi de déconnexion, d’évasion, de recul. C’est un retour sur nous-mêmes nécessaire et salvateur.
Pour rester maîtres de nos choix, il advient de prendre des vacances pour des raisons qui nous sont personnelles, et non pas parce que cela nous a été « imposé ». Finalement, c’est comme dans le choix d’une entrée en thérapie : cela doit venir de soi, et pas d’une quelconque pression extérieure. Faire des choix pour soi, parce qu’on est convaincu des bénéfi ces que cela va nous procurer, est le meilleur rempart contre une vie construite au travers du regard des autres.