À 16 ans, elle devenait l’enfant chérie du cinéma français. Trente ans plus tard, elle demeure l’une de nos plus belles représentantes sur grand écran (et au théâtre, comme en ce moment, qui lui vaut une nomination aux Molières). La vie d’actrice, elle l’a compris, «ce sont des cycles, parfois douloureux aussi». Mais aujourd’hui, Marie Gillain, que la délicieuse belgitude n’a pas quittée, est dans une période «de renaissance», sourit-elle…
«Ces derniers temps, j’ai plutôt beaucoup retravaillé, je suis dans une dynamique autre», nous confie Marie Gillain, cool et bavarde, autour d’un café dans un bistrot parisien. «C’est-à -dire que pendant très longtemps je privilégiais beaucoup ma vie de famille et, depuis deux ans, je suis au contraire dans une dynamique de travail, parce que le travail me ressource. Le tableau s’est un peu inversé. Le travail est devenu une bulle d’oxygène dans ma vie quotidienne».
Vous éprouvez une fierté à avoir plus de 30 ans de carrière?
C’est une forme de fierté. Parce que quand même, malgré tout, c’est long, et un parcours d’acteur est semé d’embûches. Il y a quand même plus de doutes que de satisfaction. Il faut tenir psychologiquement, ce n’est pas rien. Il faut être sacrément fort à l’intérieur et en même temps, il y a cette fragilité. Mais c’est comme tout le monde, il faut apprendre à vivre avec soi, et apprendre à apprécier cette personne qu’on est. Et ça fait du bien d’avoir des périodes de reconnaissance, de se dire qu’on ne l’a pas volé. Est-ce qu’il y a une forme de justice? Je ne sais pas si on peut dire ça, parce que ce métier est profondément injuste…
Ce choix de vivre à Paris a été évident dès le départ?
Pour moi, au départ, c’était une vraie envie. Dès mes 13 – 14 ans, je voulais partir de la maison. Je voulais voir du pays, faire le Conservatoire de Paris… Mes parents me disaient de d’abord faire celui de Liège. Me retrouver à Paris dans mon premier studio, c’était une joie immense. Ça m’a énormément plu. Je voulais vraiment quitter ma ville natale, je voulais quitter Liège, il faut être honnête. Mais avec les années, je me rends compte que mes racines me rattrapent. Je me suis créé aussi un petit cocon à la campagne à une heure de Paris. Cette maison ressemble un peu à ma Belgique.
Vos parents ont-ils eu beaucoup de craintes quand vous avez débarqué à Paris?
Je crois qu’ils n’ont pas vraiment eu le choix parce qu’ils ont senti qu’il y avait quelque chose de tellement fort en moi. Puis, ils ont été rassurés aussi parce que ce n’est pas la même histoire de se dire que sa fille est choisie pour faire un premier rôle dans un film avec Gérard Depardieu (le culte «Mon père ce héros», NldR), à l’île Maurice, que de jouer dans «L’amant» pour lequel j’avais passé le casting. Ça, ça aurait été plus touchy. Après, ça a été un énorme chamboulement dans notre vie de famille, il a fallu gérer ça tous ensemble. Ça a forcément éclaté une partie de ma famille, ca été comme un tsunami. Et c’est logique.
La notoriété vous a-t-elle fait peur par moments?
Oui, j’en ai eu peur, particulièrement très jeune. Ça a eu un impact très fort sur la construction de ma personnalité. Après avoir fait «Mon père, ce héros», quand je suis retournée au collège en Belgique, tout le monde me regardait comme un animal de foire. Je me suis alors créé un groupe d’amies qui étaient un peu marginales. J’ai des souvenirs pas toujours très cool. Je passais mes temps de midi enfermée dans les toilettes parce que le regard des autres était tellement fort… Ce n’était pas forcément de la malveillance mais, tout à coup, on a du mal à être totalement soi-même parce que les autres vous regardent d’une façon extrêmement insistante, envahissante. J’ai plutôt eu des périodes où je longeais les murs. Bizarrement, c’est à cette époque-là que j’aurais dû normalement vivre mon adolescence sans penser au regard des autres en permanence. Ça m’a appris aussi à me détacher de ce regard un maximum. Et c’est d’ailleurs pour ça que je pense ne pas m’en être trop mal sortie..
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