Rencontre avec Audrey Fleurot : «J’ai toujours su que personne ne m’attendait»

Nicolas Roucou / TF1

Définitivement, avec son personnage de Morgane Alvaro dans la série «HPI», le mot «phénomène» lui colle à la peau… et elle le vit bien. Parce que, dit la très belle Audrey Fleurot, entre deux bons mots, une certaine franchise et une forme d’espièglerie: «les choses ne sont pas arrivées du jour au lendemain… J’ai 46 ans et j’ai l’impression d’être suffisamment solide, de me sentir plus légitime aujourd’hui». Au récent festival de la fiction télé de La Rochelle, dont elle était la présidente du jury, la comédienne est revenue sur son succès qui ne se dément pas, et sur l’évolution de la femme à travers le prisme de la fiction… 

Aujourd’hui, et depuis un petit moment déjà, Audrey Fleurot est l’incarnation de la nouvelle fiction. Au cinéma, il y a bien sûr « Intouchables », mais ce sont ses rôles dans « Engrenages », « Le Bazar de la Charité », « Les combattantes » et, évidemment, « HPI » qui l’ont installée. Presque sur un trône. Mais pas de quoi donner le vertige, ni des envies de grandeur à l’actrice qui sait le chemin parcouru. « Cela ne m’est pas vraiment tombé sur les épaules parce que  je travaille depuis longtemps », sourit-elle.

La crainte de l’après « HPI »

Après « HPI » et le personnage de Morgane Alvaro, est-ce que les autres rôles proposés à Audrey Fleurot tiendront la distance ? La question est plus que légitime, répond la comédienne …« Je pense qu’on peut faire toute une carrière formidable sans avoir cet endroit de liberté que j’ai dans « HPI ». La plupart du temps, quand vous incarnez un personnage, vous essayez, vous, d’aller vers ce personnage et là, j’ai eu la possibilité, assez rare, de ramener le personnage de Morgane (Alvaro) à moi. Je pense que trois ans auparavant ça n’aurait pas été possible (...). Je pense qu’ensuite j’irai vers des choses très différentes, et pas forcément vers de la comédie, parce que j’ai peur que tout me semble fade derrière. Mais je pense aussi que c’est important de ne pas faire la saison de trop, de ne pas lasser les gens ni se lasser soi-même. Et puis, je suis intermittente, je veux changer de personnages. Mais je vois aussi les limites en termes de temps, « HPI » me prend beaucoup de temps. C’est un marathon qui est super, dans lequel je m’éclate, mais je passe un petit peu à côté de la vie en fait… »

L’avant « HPI »

Le personnage de Morgane, Audrey Fleurot l’a donc façonné. « Il y avait tout à construire et j’ai eu la chance que TF1 me veuille suffisamment que pour me donner carte blanche. Quand on m’a proposé le projet, ce n’était pas de la comédie, il n’y avait pas la trame amoureuse. C’était une énième série policière avec, cette fois, une femme de ménage qui avait 160 de QI. Je ne voyais pas l’intérêt de la faire, ce n’était pas de la comédie, ce n’était pas de la télévision « moderne ». Ce personnage m’est  alors resté en tête pendant pas mal de temps. J’étais partante si on twistait le truc en comédie. Et j’ai donc ramené mon humour à moi, beaucoup d’impro. »

 

 

Nicolas Roucou / TF1

Nicolas Roucou / TF1

Nicolas Roucou / TF1

Ne pas lasser

Elle sait plus ou moins quand elle arrêtera « HPI » mais ne le dira pas. « C’est une décision qui se prend de façon collective. Il faut qu’on se réunisse pour que personne ne soit frustré. Si, en termes de scénario, il y avait encore des désirs, des choses pas explorées qui valent le coup, peut-être qu’on continuera. Moi, je développe mes projets parallèlement et il faut que je prévoie du temps pour les mener à bien (...)»

La femme à l’écran

Les rôles de femmes ont changé aussi durant ces années. « La chance que j’ai, c’est d’être arrivée au bon moment, d’avoir grandi en même temps que l’émergence des séries et surtout de personnages féminins intéressants. (...) Souvent, je reçois des scénarios de cinéma et je dis : « écoutez, on échange les personnages masculin et féminin, et là, ça m’intéresse !’. Je reçois aujourd’hui beaucoup de comédies pour le cinéma, mais je leur réponds que je trouve un épisode de ‘HPI’ plus drôle. Et comme je n’ai pas un besoin de cinéma pour le cinéma, j’ai plutôt tendance à attendre. Et si les choses ne viennent pas, ce n’est pas plus grave que ça non plus ».

Du côté des Américains…

Les Américains ont désormais leur propre version de « HPI ». « Je suis très curieuse de voir ça, je crois qu’il y a un petit nivellement. Ils ne peuvent pas s’autoriser ce qu’on s’autorise, mais il y a une plus-value de direction artistique parce qu’ils ont mis le paquet financièrement. Et, en même temps, je ne suis pas sûre que ce soit une série qui nécessite des décors de folie. Je pense que c’est plus le ton qui compte et je crois qu’ils se sont un peu censurés par rapport à nous. Mais je n’ai rien vu. Je serais un peu contente que les Américains foirent leur version ! (rires) (...)». 

>> Découvrez l'interview complète d'Audrey Fleurot ce samedi dans votre magazine Max disponible en librairie dans les journaux Sudinfo ou en cliquant ici.