Rencontre avec Grand Corps Malade : « Je n’ai jamais cherché à être un exemple »

Xavier Janssens

Il est taquin et souriant. Le père de famille reste un grand gamin émerveillé qui n’en croit toujours pas ses yeux. Son succès, depuis plus de 15 ans, il ne s’y est pas habitué: «je ne trouve pas ça normal», nous confie Fabien, alias Grand Corps Malade. Pourtant, c’est bel et bien son truc, faire rimer les mots avec soin pour donner le frisson, en racontant la vie et sa vie. On a quand même tenu à vérifier auprès de lui si tout était réellement dit dans ses chansons…

Quand on écoute aujourd’hui attentivement les paroles de vos chansons, on se rend compte qu’elles sont souvent optimistes. Pourtant, on garde cette impression que vos morceaux sont tristes. C’est la musique qui fait ça?

Je pense –je n’ai pas la bonne réponse, hein!– que c’est un peu historique. Vous m’avez tous découvert sur des textes très mélancoliques, du piano-voix et avec ma voix un peu grave aussi: il doit y avoir un reste de cette première image de moi. Parce qu’en effet, il n’y a rien de triste, même s’il y a des morceaux graves aussi. Après, c’est vrai que j’aime bien les mélodies un peu mélancoliques… Ça doit jouer. Le petit truc qui te donne le frisson, j’aime bien ça.

Quand avez-vous compris l’importance de la musique? Quand vous avez commencé à slamer, sur des petites scènes il y a 20 ans?

Tout de suite, même si je ne savais pas alors que j’allais faire une belle carrière, dès que j’ai voulu laisser une trace audio. Pour moi, l’a capella ça marche en live, parce qu’il y a la présence de la personne qui slame. Mais si tu me fais un disque uniquement de 12 chansons a capella, au bout de deux titres, moi je coupe. Quand j’ai commencé à beaucoup slamer dans les bars, je commençais à avoir plein de textes et il y avait un peu ce concept du texte kleenex, c’est-à-dire que je disais mon texte dans l’instant et je le jetais après. Et je me disais qu’il y avait des textes que j’aimais bien quand même et que c’était dommage de ne plus les retrouver. Et c’est là que j’ai voulu laisser une trace de ça, audio. Et à partir de là, j’ai dû chercher quelqu’un qui les mettrait en musique. V

Vous slamez depuis toujours. Mais le chant est venu tard. Sur votre dernier album «Reflets», on vous entend à nouveau chanter. Vous avez désormais confiance en votre chant?

Cette confiance est venue très progressivement. Au début, je me l’interdisais quasiment parce que quand je faisais mes textes de slam, je les disais. C’était une espèce de postulat de départ. Puis, petit à petit, c’est venu. La première fois, c’était sur une tournée il y a 8-9 ans où j’ai repris une chanson de Renaud en chantonnant un peu. Et là, je me suis rendu compte que j’aimais bien ça. J’ai écrit et chanté ensuite une «ode» à Patrick Balkany, et une déclaration d’amour plus sincère à mon deuxième fils qui s’appelait «Tu peux déjà». Ça fait quelques années mais c’est vrai que mon côté chanté, je l’assume de plus en plus. Et ce sont les concerts qui m’ont vraiment convaincu. Même si j’ai vite vu que je ne serai jamais une grande voix de la chanson, je chante juste mais je ne m’amuse pas à faire des effets et ça me va bien! Rien que pour entendre le public chanter avec moi, au moment d’écrire, je pense à faire un ou deux refrains chantés.

Xavier Janssens

Xavier Janssens

Yann Orhan

Vous dites ça avec des yeux de gamin émerveillé…

Il n’y a vraiment pas de lassitude. Ça fait longtemps que ça marche plutôt bien. Mais je ne trouve pas ça normal, je ne me suis pas habitué à ça, à 7.000-8.000 personnes qui m’applaudissent. 

Vous vous êtes demandé pourquoi vous? Pourquoi aucun slameur avant ou après vous n’a réellement éclos?

Je ne sais pas. Mais déjà, il y a un bon 95% de slameurs qui ne voulait pas faire ça. Après, je ne suis pas le premier à avoir essayé de mettre mes textes en musique et de faire une carrière…

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