La chronique de Tatiana Silva : la voie du thé

Près d’un mois à découvrir le Japon, je redescends doucement de mon petit nuage.

Ce pays est fascinant par sa culture, ses paysages et sa cuisine. Certains plats, tout comme certains aliments, m’ont laissé pantoise. La qualité des aliments, conjuguée à la volonté de les honorer, se ressent très fort dans leur gastronomie. Même une simple pomme a réussi à me déconcerter. Seuls les desserts m’ont laissé perplexe jusqu’à la dégustation d’un carré de pâte d’haricots rouges et de marrons qui m’a fait tomber à la renverse. Cette pâtisserie a changé mon regard sur leur approche des entremets. Depuis, je me repasse ce moment en boucle dans ma tête. Durant mon voyage, j’ai été à la recherche de thé à acheter ainsi qu’à déguster. Aussi fou que cela puisse sembler, les salons ou magasins de thé n’ont pas pignon sur rue, tandis que les bars à café fleurissent. C’est à Onomichi, une ville portuaire au bord de la mer intérieure de Seto, que j’ai trouvé mon premier coin de paradis. Habituellement, on déambule dans les petites rues étroites qui serpentent à travers la montagne à la découverte de temples. Sur ces hauteurs, dans le quartier Bikan, se cache le Tea Factory Gen. Un endroit hors du temps aménagé avec minimalisme et raffinement. Y entrer donne la sensation de pénétrer dans l’intimité d’une maison nippone, le temps d’une tasse fumante.

Je choisis un Gyokuro, ce thé vert japonais ombragé durant trois semaines avant la récolte. La propriétaire le prépare avec soin et me le sert délicatement. Tous les thés sont cultivés et fabriqués par ses soins, sans engrais chimique ni pesticide. Posée, je déguste mon thé tout en admirant la vue qui surplombe la baie. J’ai le sentiment d’être dans un film aux scènes bucoliques. Le lieu se prête tellement à l’art du thé que je décide de prolonger l’expérience avec un sencha, un thé vert japonais. La première gorgée m’émeut. Je goûte ce qui m’a fait tomber amoureux du thé vert japonais. Un goût très singulier: un mélange de notes végétales prononcées, de notes beurrées et d’un goût umami (considéré comme la cinquième saveur au Japon). Je suis aux anges et pleine de gratitude d’avoir pu vivre ce moment suspendu. Peut-être un jour aurez-vous l’occasion de découvrir ce lieu? En attendant, je conseille Tomo à Paris, la vue y est moins romantique, mais le thé y est tout aussi bon, et les pâtisseries sont à tomber. Passez-y quelques heures, vous aurez l’impression d’avoir fait un aller-retour au Japon sans tous ces inconvénients.

D’ici notre prochaine rencontre, portez-vous bien!