Nous ne sommes jamais aussi vivants que lorsque nous sommes reconnus, que nous existons dans le regard de l’autre.
Le sentiment de vide peut émerger lorsque nous sommes en perte de repère, que notre vie n’a peu ou plus de sens. C’est alors que deux voies s’ouvrent à nous: l’une nous paralyse et nous fait doucement sombrer dans un trou noir, d’où sortir deviendra compliqué. L’autre exigera d’initier le mouvement. Celui inhérent à la vie, celui qui s’oppose à l’inertie, à la mort.
Dans le cadre d’une mission humanitaire pour l’Unicef au sud de Madagascar à Ifotaka, nous avons été invités par le chef du village à nous poser pour qu’il puisse échanger avec nous. Après avoir parlé de la problématique de la sécheresse et du manque d’eau qu’elle entraîne, il finit par dire: «Merci d’être venus à nous. Jusqu’à aujourd’hui, aucune délégation n’était venue jusqu’à nous. Vous êtes la première délégation et nous en sommes très touchés. Merci!». Ces mots m’ont profondément touchée.
Lors de ce genre de mission, je me sens quelques fois démunie face aux problématiques rencontrées. L’impossibilité d’apporter une solution tangible et immédiate me donne le sentiment d’être inutile.
Ces remerciements ont fait écho à un sentiment que j’avais déjà vécu par le passé et qui est à mon sens universel: celui de se sentir reconnu. Une reconnaissance mutuelle, au-delà de l’ego.
Quel que soit l’endroit où nous vivons, notre position sociale, notre mode de vie, on ne peut exister sans l’autre, sans son regard. L’humain a besoin d’exister, de croire que son passage sur terre n’a pas été vain.
Soutenir des projets qui œuvrent pour offrir les mêmes droits pour chaque enfant est une évidence pour moi. Mais rencontrer ces habitants a donné plus de sens à mon engagement.
Prendre le temps pour l’autre, s’intéresser à lui, à son monde, à ses difficultés, ses victoires lui donne ou redonne une forme de dignité. Cette dernière constitue un socle sain et solide avec lequel l’humain peut évoluer.
Cette reconnaissance, je l’ai reçue de différentes personnes. Elle s’est souvent mieux ancrée en moi à travers les mots sincères et bienveillants de parfaits inconnus. Elle m’a permis de dissoudre mes incertitudes, de réaliser que ma présence sur cette terre avait du sens et de la valeur. Mes ailes ont pu se déployer et enfin me faire voler. Ce chef de village qui m’a donné un nouvel élan et je le remercie.