La chronique de Tatiana Silva : Rendez-vous au marché au poisson à Tokyo !

Au moment où vous lirez ces quelques lignes, je serai au Japon, certainement en train de déguster une délicieuse spécialité nippone. Lors de ma première chronique de la saison, je vous ai fait part de ma passion pour la bonne cuisine, une gourmandise qui ne cesse de grandir au fil des ans. Le temps affine mon palais et renforce ma joie lorsque je déguste de la nourriture.

Aujourd’hui, je choisis minutieusement les restaurants où je vais. Manger est un acte de plaisir que je sacralise. La lecture du dernier roman d’Ito Ogawa, «Le Goûter du Lion», a renforcé cette idée que nos sens sont un cadeau. Leur accorder une attention particulière est une façon d’honorer la précieuse et unique vie que nous avons.

Cette expérience si singulière devient terriblement frustrante pour moi si, lors du choix du lieu, je ne prends pas le temps de ressentir mon envie du moment. Parfois, le temps vient à manquer et nos choix se font dans la hâte. Nous répondons au besoin physiologique de devoir nous sustenter sans inviter notre envie dans notre décision. S’alimenter sans y mettre de la conscience comporte sans doute peu de conséquences sur l’organisme physique et émotionnel, mais, à terme, se nourrir régulièrement sans se connecter à ses sensations pourrait nous couper de notre essence. C’est ainsi que je l’expérimente depuis quelques années.

Chaque année, j’attends avec impatience de pouvoir déguster un bon bol de nouilles chaudes. Parfois, la nostalgie est si forte que j’en mange en plein été. J’avoue que le bouillon n’a pas autant de saveur que lorsqu’il y a de la buée aux vitres. L’automne est la saison idéale pour en déguster. Il existe des dizaines de lieux où manger ce plat typiquement japonais, notamment rue Sainte-Anne dans le 1er arrondissement de Paris. Dans le quartier, je vous conseille vivement le Kodawari Ramen Tsukiji. Vous y vivrez avant tout une immersion dans l’ambiance de l’ancien marché au poisson de Tokyo, un décor atypique pour tous les nostalgiques du marché ou ceux qui (comme moi) n’ont jamais eu la chance d’y aller avant sa destruction.

La carte est courte, ce qui est souvent un bon signe. Les bouillons sont faits à base de poissons. Je prends souvent celui qui est épais, car au palais, il a plus de caractère. N’hésitez pas à demander un supplément d’œuf tamago. Ils sont marinés pendant 48 heures dans de la sauce soja et du mirin, ce qui leur donne un goût si bon. Ce plat est goûtu et réconfortant à la fois. Il a quelque chose de régressif, tout en étant sain. Un parfait combo qui se mérite, car victime de son succès, le restaurant est souvent pris d’assaut.

Itadakimasu! (Bon appétit)

Kodawari Ramen (Tsukiji)

12 Rue de Richelieu, 75001 Paris

kodawari-ramen.com