« Prenez soin de vous », la chronique de Tatiana Silva : faire de ses rêves une réalité

Une nuit, j’ai rêvé de mon père : un songe où nous nous croisions sur un escalator. Il m’a fallu quelques secondes avant de réaliser que c’était lui. J’étais folle de joie car il me semblait ne pas l’avoir vu depuis longtemps. Je l’ai chaleureusement pris dans mes bras et lui ai proposé de s’organiser pour aller manger ensemble. Soudainement, au milieu de ce rêve, la réalité m’a rattrapée. J’ai pris conscience que ce déjeuner ne serait plus jamais possible car mon père était décédé. Je me suis réveillée en larmes, non pas parce que ce rêve était triste mais parce qu’il ne pourrait jamais plus se réaliser.

Il existe tout type de deuils : ceux des petites morts et des plus grandes. Les étapes sont toujours les mêmes : reconnaître que le rêve ne sera plus ; lâcher prise ; et en cultiver d’autres afi n de les développer.

Le processus peut être douloureux. Dans le cas de la perte d’un être cher, le plus pesant est cette sensation de vide que cet être parti laisse derrière lui. Son départ nous fait mesurer la place qu’il avait pris dans notre vie. Un espace, c’est tout simplement de l’énergie qui peut se vivre comme une forme de vacuité ou un excédent d’énergie lorsque l’autre n’est plus là. Le regard que l’on porte sur cet espace le défi nit. Dans tous les cas, l’absence de l’autre est un révélateur.

Parfois, admettre qu’un rêve qu’on chérissait n’est plus possible est une opportunité de libérer de l’espace et de l’énergie qu’on peut mettre au profi t d’un nouveau projet. Faire de ses rêves une réalité nous glisse dans un cercle vertueux, celui de croire et de graver dans notre cerveau que c’est possible. L’observer chez l’autre peut nous donner de l’espoir, un coup de pouce pour faire de même. Mais rien n’est plus fort et impactant que le savoir empirique.

Alors, si vous butez sur un rêve, choisissez un autre plus facile d’accès et réalisez-le, il vous donnera d’incroyables ailes pour parachever le précédent. Je vous laisse sur cet extrait du fi lm « A bittersweet life » qui m’a inspiré cette chronique.

Par une nuit d’automne, le disciple se réveilla en larmes. Le maître demanda au disciple :

-« As-tu fait un cauchemar ? »

-« Non. »

-« As-tu fait un rêve triste ? »

-« Non », répondit le disciple. « Mon rêve était doux. »

-« Mais pourquoi pleures-tu à si chaudes larmes ? »

Le disciple répondit calmement tout en séchant ses larmes… « Parce que mon rêve ne pourra jamais devenir réalité. »