Nawell Madani se confie : "Je reçois beaucoup de proposition de films, mais la bimbo, la racaille, ça je refuse."

Ahmed Bahhodh

Elle rit quand on lui dit qu’elle est un peu la Beyonce belge. Elle bouge aussi bien qu’elle et, au delà d’être une humoriste et une actrice, Nawell Madani est surtout une businesswoman qui force le respect. Partie de rien, à part de sa profonde envie d’y arriver, elle produit et réalise aujourd’hui une série géniale pour Netflix («Jusqu’ici tout va bien», dans laquelle elle joue aussi). Entre parcours de battante -et les combats sont encore nombreux, souligne-t-elle- et vie de famille heureuse, la belle Belge raconte son ascension avec force et conviction. Inspirante.

Comment vous l’avez créée cette série pour Netflix?

Je venais de me faire opérer, parce que j’ai toujours une cicatrice de mon accident domestique (à deux ans et demi elle a été brûlée au 3e degré, NdlR). Je dois encore faire un peu de chirurgie réparatrice. J’étais allongée pendant trois semaines et je me suis mise à écrire, c’était juste avant le confinement. Pendant cette période, je regardais beaucoup de séries et je suis tombée amoureuse de «Succession» où la famille est au cœur du récit. Je trouvais ça extraordinaire, ces personnages tiraillés, ces méchants qu’on adore. J’ai regardé «Validé» aussi et je me suis demandé où étaient les meufs! Il y a toujours une prédominance masculine. Et là, j’ai eu envie de raconter cette histoire que j’écrivais. Comme je me nourris souvent de moi, ça parlait de la sororité, de mes sœurs, de mon petit frère qu’on protège, de cette place que j’ai prise au sein de la fratrie et comment beaucoup de femmes deviennent les «hommes de la maison». On est souvent en première ligne de l’éducation et de l’économie, et encore plus dans les quartiers… J’ai voulu parler de ça, en mélangeant thriller et vannes.

Dans votre tête, c’était directement une série pour Netflix?

Netflix ou Canal+, pour la liberté de ton. Et parce que je veux avoir des femmes issues des minorités dedans, je ne veux pas d’acteurs «bankable», je veux du sang neuf. On a envoyé le projet à Netflix et je les ai vus trois semaines plus tard. Ils m’ont dit: «sache qu’on t’attendait. On veut faire un projet avec toi. Ce projet-là nous plaît, il y a encore du boulot mais peaufine». Et c’était signé.

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Des propositions de films, vous en recevez beaucoup?

Oui, mais je suis difficile. Mais la bimbo, la racaille, ça je refuse. J’ai refusé «Kung Fu Zohra» ou, il y a quelques années «Couscous royal». Je suis honorée qu’on pense à moi, mais je ne peux pas défendre ces films et leurs propos. Je n’y arrive plus, donc je dis «non».

 

 

 

Joseph Degbadjo

Ahmed Bahhodh

Ahmed Bahhodh

Ahmed Bahhodh

Est-ce qu’il y a encore trop d’ignorance, trop de clichés sur les arabes ou une vision monolithique des origines maghrébines?

Oui, complètement. Quand je vois le débat sur le voile qui revient à chaque fois, je dis que ma sœur a porté le voile de sa propre volonté. Puis, elle l’a retiré et je ne l’ai pas moins ou plus aimée. Et quand moi je suis montée sur scène, elle n’avait pas de jugement vis-à-vis de moi. Chacun vit sa foi à sa façon et c’est comme ça qu’on cohabite. Comme dans n’importe quelle famille, on se questionne. Mais c’est en filigrane dans la série, je veux surtout montrer une famille normale. En fait, ce sont les gens qui me mettent toujours face à ma double culture. Moi, elle est ancrée.

Néanmoins, vous trouvez que du chemin a été fait?

Oui. Même si je sais que si je présentais ce projet-ci à n’importe quelle chaîne, on me le jetterait au nez. On ne m’a même pas reçue quand j’ai proposé d’autres projets. J’ai essayé de pousser ces portes, j’avais plein de d’idées. Mais jamais on ne m’a reçue.

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