Elle est drôle et pétillante. Mais on a tous beau connaître la voix d’Anggun, on n’en sait finalement que très peu sur elle. Pourtant, la chanteuse d’origine indonésienne, aujourd’hui jurée de «Starmaker» (RTL tvi), est plutôt bavarde quand on s’attarde sur son parcours. Comme quand elle raconte son arrivée en Europe, où elle apprend, à ses dépens, le fonctionnement de l’industrie de la musique, où elle s’étonne des regards un peu cavaliers que les hommes portent sur elle. Anggun était à part, elle a su cultiver sa différence. Inclassable, l’artiste voyageuse est résolue à ne jamais se sentir trop confortable.
Anggun , vous avez débuté votre carrière très tôt. Vous étiez une enfant star en Indonésie. Est-ce que ça aide pour avoir confiance tout au long de sa carrière?
En exerçant ce métier à un jeune âge, tout se confondait… Je ne savais pas si on m’aimait pour moi ou pour l’image. Puis, il y a eu un moment où mon père m’a dit: «Là, je parle à qui? À la chanteuse ou à ma fille?» Tu sais, quand tu as un succès, ça veut dire que tu as eu raison. Quand tu as ça à même pas 20 ans, ce n’est vraiment pas bon. L’ego, il en faut dans ce métier-là, il faut l’avoir solide même. Mais la confiance… Il ne faut pas oublier non plus la différence: c’est ce que je fais dans la vie, ce n’est pas qui je suis dans la vie. Il m’a fallu du temps quand même pour comprendre ça. Il ne faut pas non plus confondre la confiance en soi et le fait d’être hautain! Et puis, la confiance en soi quand on est une femme…
À quel point la femme et la chanteuse se confondent-elles chez vous? Ou bien faites-vous la dissociation?
Ma vie de femme et de chanteuse, c’est très différent. Et puis, je suis maman aussi,… J’aime bien avoir plusieurs identités. C’est aussi le fait d’avoir quitté mon pays, d’avoir vécu dans trois continents, d’avoir adopté d’autres cultures, de parler d’autres langues,…
Pourquoi avoir voulu changer de continent, alors que vous étiez une superstar en Indonésie? Qu’est-ce qui vous attire encore aujourd’hui dans l’ailleurs? Vous pourriez vous poser définitivement en France, en famille…
C’est vrai. Je suis partie de l’Indonésie à presque 21 ans. Et je pense que si je continue de passer d’un continent à l’autre aujourd’hui c’est dû au fait que mon père m’a toujours dit qu’à partir du moment où on se sent confortable, en tant qu’artiste, on est mort. Ça veut dire qu’on ne se questionne plus. Pour moi, partir de l’Indonésie et rejoindre un peu l’inconnu, c’était me faire peur. Après, j’ai continué à le faire… Je ne voudrais pas prendre les choses pour acquis. Et puis, j’aime tellement voyager et découvrir des choses nouvelles. J’ai un peu donné ce goût-là à ma fille… Là, elle a 16 ans, elle est très gentille, mais c’est la phase où il faut qu’elle tue sa mère! (sourire)
Vous lui transmettez l’idée qu’on n’est pas forcément attaché à une terre?
Oui. Je n’aime pas trop le mot «déraciné». Je préfère dire que je laisse pousser mes racines un petit peu partout. Comme ça, on se sent chez soi un peu partout. C’est quand même génial d’avoir un passeport qui te permet de vivre, d’aller d’un endroit à un autre, surtout de nos jours quand on dit «non, vous n’avez pas le droit de rester ici». Le monde doit appartenir à tout le monde, ça c’est ma vision. Ma fille, je l’ai gardée près de moi jusqu’à ses 4 ans, je l’ai mise plus tard à l’école pour que je puisse l’emmener partout, je la portais à bras partout, elle connaissait les studios, les avions, les hôtels…
Et vous, qu’avez-vous gardé en vous que vos parents vous ont transmis?
Pas mal de choses. Ma mère est de sang bleu, mon père, lui, est un roturier. J’ai appris de ma mère la patience et cette extrême pudeur de ne pas déranger l’autre. C’en est presque un défaut: mes parents ne m’ont jamais appris à dire «non», parce que là-bas, en Indonésie, il n’y avait pas besoin. Tout le monde y est tellement poli! Mais quand je suis arrivée en Europe, alors là, j’ai dû apprendre certains codes, d’autres valeurs. Mais ce que m’ont appris mes parents, ce sont les valeurs solides des liens familiaux et le sens du travail. Et, surtout, d’être en gratitude. Finalement, on n’est jamais là par hasard, on ne rencontre jamais les gens par hasard. Je crois très fort à ça.
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