«Prenez soin de vous», la chronique de Tatiana Silva: «Le droit d’être digne»

« Si je laisse mes peurs façonner mon corps, je n’en connaîtrai même plus les contours. Et il ne m’appartiendra plus. Et sans corps est-on encore humain ? »

Cette phrase est tirée d’un dialogue de la série « Pachinko » qui raconte l’histoire d’une famille coréenne, émigrée au Japon au début du 20e siècle. Une période sombre de l’Histoire pendant laquelle les Coréens étaient souvent traités comme des sous-hommes.

Chaque épisode m’a renvoyée aux notions de respect, de valeurs, de considérations et de dignité. Cette dernière est intimement liée à l’amour de soi et à celui que nous pouvons développer pour l’autre. Elle est également indissociable du respect que nous nous portons avant tout. Ces valeurs universelles sont essentielles mais souvent complexes à cultiver.

Durant des années, il m’a été diffi cile de m’écouter, de respecter mon ressenti ou d’arriver à dire « non ». J’avais souvent peur de décevoir, peur de perdre l’amour de l’autre, peur de passer à côté de ma vie. Cela m’a amenée à emprunter des chemins désagréables. J’ai déçu des amis, des collègues, des personnes qui me faisaient confi ance. À d’autres moments, je me suis tout simplement perdue, piégée par les choix que mes peurs m’ont poussée à faire.

Il a fallu du temps pour que je devienne ma propre priorité sans égoïsme, que je décide d’écouter mes besoins et non ceux dictés par mes blessures.

La dignité est celle que l’on prend, que l’on s’octroie lorsqu’on change notre regard sur nous-même

Tout doucement, j’ai commencé à comprendre que des choix m’invitaient à me respecter, à m’aimer plus que je n’aime l’autre.

C’est alors que j’ai appris à mettre des limites. L’expérience m’a révélé qu’au lieu d’être limité, mon horizon ne faisait que grandir. Chaque pas m’a guidée. J’ai pu me choisir moi d’abord, pour ensuite retrouver du respect pour l’autre.

Souvent, on pense que si on est toujours disponible et corvéable à merci, on deviendra indispensable et irremplaçable. Nourrir cette fausse croyance ne fait que creuser la blessure profonde d’avoir peur de ne pas être digne d’être aimé. On garde l’espoir que l’extérieur va venir combler le vide et le déséquilibre intérieurs.

En réalité, la dignité est celle que l’on prend, que l’on s’octroie lorsqu’on change notre regard sur nous-même.Lorsque nous cessons de nous voir tel que l’autre nous décrit, et tel que nous sommes réellement, alors nous devenons à nouveau souverain et digne d’être nous.