La prise de conscience de l’urgence de la menace du changement climatique a modifié notre rapport au voyage et fait planer un sentiment de culpabilité à l’idée d’explorer des destinations lointaines.
Beaucoup se tournent vers des moyens de locomotion moins polluants comme le train, le bus, la voiture. Une manière plus respectueuse de l’environnement de découvrir le monde et qui vous pousse à ralentir la cadence. Malheureusement, ce choix voit tout un pan du monde se fermer à nos sens faute de temps.
Je n’ai pas échappé à cette prise de conscience qui s’est inscrite plus fortement en moi lors de la pandémie. Grâce à elle, je me suis initiée aux longs trajets en train, j’ai goûté aux avantages de voyager en voiture. Cela a ouvert mon esprit à l’envie de voyager en camping-car. Malgré tout, l’élan pour découvrir d’autres mondes est resté très fort.
Un récent voyage en Thaïlande m’a fait prendre conscience que mon champ de vision s’était considérablement restreint. J’avais oublié à quel point le monde était grand et que l’Europe n’en était pas son centre. Qu’une autre manière de voir, de faire, de penser était non seulement possible mais se matérialisait chaque jour ailleurs.
Voyager, c’est d’abord accepter de se perdre. Nos repères habituels sont chamboulés par les sons peu familiers d’une nouvelle langue et les habitudes culturelles différentes. Ce choc va nous permettre de redevenir une page presque blanche où une nouvelle histoire peut s’écrire.
On peut voyager de différentes manières : à travers un fi lm, une série, un livre, un documentaire mais à mon sens rien n’est plus fort que l’expérience humaine. Elle connecte tous nos sens et permet de confronter notre moi profond. On vient ici éveiller notre essence tapie sous un tas d’a priori, de jugements et de pensées conventionnelles.
Cette expérience unique annihile nos réfl exes automatiques, elle est comme un printemps après une longue hibernation. Cette renaissance à soi passe inévitablement par l’autre, sans elle on ne se réveille qu’à l’altérité que nous créons de nous-même.
Le photographe Olivier Föllmi a dit : « Voyager c’est partir à la découverte de l’autre. Et le premier inconnu à découvrir c’est vous ». Cela rejoint ma pensée que vivre n’est pas le plus important. Vivre en conscience de soi donne un sens qui nous guide vers la réalisation de notre moi supérieur.