Jérémie Makiese portera les couleurs belges à l’Eurovision: «Le foot m’aide à encaisser mes émotions d’artiste»

Crédit photo : Xavier Janssens
 

À 21 ans, il est gardien de but pro, un poste qui a du sens pour lui: il a l’instinct protecteur. Mais si le grand public connaît Jérémie Makiese, c’est davantage en dehors du terrain, quand il troque ses gants pour un micro.

Vainqueur de l’édition 2021 de «The Voice Belgique», auteur du tube «Miss You», l’Anversois installé à Bruxelles, qui manie aussi bien le français que le néerlandais, portera fièrement les couleurs d’une Belgique «multiculturelle» au prochain concours Eurovision. Et ce n’est pas rien, nous dit-il…

L’Eurovision pour vous, ça représente quoi?

J’ai commencé à regarder les shows télévisés, «The Voice» comme l’Eurovision, avec ma mère. Ce sont deux rêves que j’ai portés jusqu’à aujourd’hui. Je sens quand même une grande différence entre «The Voice» et l’Eurovision: ici, c’est tout un pays. C’est beau scénario, c’est une fierté de porter un pays dans ce que tu aimes faire.

En gagnant «The Voice», j’ai senti que j’avais créé un mouvement

La chanson, pour vous, c’est quelque chose de naturel. Vos deux parents chantent… C’était évident pour vous d’emprunter cette voie?

Ce n’était pas du tout évident parce que j’ai grandi en premier lieu avec l’amour du foot. C’est mon grand frère qui jouait au foot, on est une famille sportive. Je suis gardien de but à l’Excelsior Virton, j’aime bien défendre, agripper le ballon, c’est comme protéger une personne. J’aimais bien ce poste-là. Mais le fait de savoir chanter, mentalement, j’avais du mal parce qu’on dit que les chanteurs sont fragiles, sensibles. Du coup, moi, ça me dérangeait, on m’avait mis un peu dans cette catégorie et on m’interdisait de jouer au foot. Et le jour où j’ai découvert ma voix, on m’a plus poussé vers le chant que vers le foot. Pour moi, c’était un dilemme. J’avais un problème d’acceptation au début, jusqu’à ce que je rencontre l’amour de la musique.

Mais on ne peut pas être sensible et jouer au foot?

Aux yeux du public, quand on chante, on adopte un côté assez sensible. Chaque discipline a sa manière de réagir: un sportif réagit plus dans le secret qu’un chanteur, qui le fera publiquement.

Crédit photo : Xavier Janssens

Et dans la vie de tous les jours, vous réagissez comme un chanteur ou comme un sportif?

Je dirais plus que le foot m’aide plus qu’autre chose. Je suis comme une éponge, j’absorbe beaucoup comme artiste. Mais ce côté foot, gardien et ses responsabilités, m’aide à encaisser toutes ces émotions.

En voyant votre carrière musicale décoller, êtes-vous prêt à faire le deuil de votre carrière de footballeur?

Honnêtement, j’ai toujours rêvé de jouer en professionnel. J’ai touché le professionnalisme l’année passée et pendant tout ce temps-là, je n’ai fait que travailler dans la musique. Donc j’y crois, je crois en mes rêves et que c’est possible de faire les deux carrières. C’est la question à laquelle je n’ai pas de réponse, je ne pourrais pas faire de choix.

Crédit photo : Xavier Janssens

Votre participation à l’Eurovision a un côté historique aussi: vous êtes le premier «black» à représenter notre pays. Vous vous dites que c’est une avancée?

En gagnant «The Voice», j’ai senti que j’avais créé un mouvement. J’ai remarqué que cette année, dans l’émission, il y avait pas mal de personnes noires. Globalement, je sens qu’il y a aussi un mouvement dans le pays, que la Belgique a vraiment cette valeur culturelle et fédératrice. Et ce que j’aime bien en fait, c’est que j’ai voulu lier mon titre «Miss You» à la Belgique. Dans cette chanson, on retrouve plein de styles, donc de cultures. Et en Belgique, on retrouve plein de styles et de cultures. 

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